Une promesse à découvrir
- Franck Moreau
- 24 mars 2024
- 7 min de lecture

« La promesse verte », le nouveau film d’Edouard Bergeon sortira le 27 mars prochain.
Son premier film avait été alimenté par ses souvenirs dans la campagne viennoise. La descente aux enfers de Guillaume Canet, inspirée de celle de son père dans son exploitation, avait à la fois ému et fédéré bon nombre d’agriculteurs, leurs proches et bien au-delà, réunissant deux millions de spectateurs dans les salles, sans compter l’audience lors des diffusions TV.
A priori, ce nouveau film n’a rien à voir, et pourtant, Edouard Bergeon y garde son fil conducteur autour de la nature et de tout ce qui se joue autour d’elle.
Avec un scénario haletant au service de cet objectif.
Nous nous appuierons sur un point de bascule dans ce film, permettant de le situer, et nous l’espérons, de vous donner envie d’en découvrir l’intégralité.
Ce point de bascule, c’est le coup de fil reçu d’Indonésie par Carole, professeur d’anglais à la Roche-sur-Yon, jouée par Alexandre Lamy. Le genre de coup de fil que nous redoutons tous pour l’un de nos proches, encore plus quand il s’agit de l’un de nos enfants. On lui apprend alors que son fils, parti quelques semaines plus tôt pour travailler pour une ONG et poursuivre secrètement sa thèse sur l’impact de l’exploitation de l’huile de palme sur les populations locales, est emprisonné en Indonésie.
Le film donne l’occasion de découvrir ce qui s’est passé avant cet appel, et surtout ensuite le combat d’une mère pour venir en aide et soutenir son enfant. Au cœur d’enjeux qu’elle ne va cesser de découvrir, nous suivons sa progression, sans répit, en nous demandant jusqu’où ira son calvaire…
Un véritable voyage en mode thriller, avec un casting à découvrir, et un coup de cœur (voir plus bas) sur lequel nous avons pu partager, ainsi que le public, après l’avant-première à Limoges avec le réalisateur.
Quel a été le point de départ pour ce nouveau film ?
Edouard Bergeon : Avant tout, continuer à parler de la nature, de ce qui la menace, y compris nos propres comportements. J’ai pris comme support la production d’huile de palme, pour construire un scénario autour de ce thème, mais j’aurai pu également prendre pour thème l’élevage du poulet brésilien par exemple.
Comment s’est développée cette idée de départ ?
E.B. : J’ai écrit le film que nous voulions avec le producteur. Nous avons cherché à obtenir le maximum de crédibilité par rapport au scénario, auquel ont collaboré deux diplomates dont le rôle a été important. Nous sommes allés jusqu’à tourner au Quai d’Orsay pour les scènes impliquant les affaires étrangères.
Un film qui va sortir dans les salles de cinéma, mais qui suivra son chemin également dans les salles de cours ?
E.B. : Nous avons reçu, avec Diaphana Distribution, le soutien de l’Education Nationale, pour la réalisation de kit pédagogique. Ces sujets d’environnement sont au programme au collège, et ce film sera donc une possible ressource pour aborder ce thème en classe.
En amont de la sortie, la journée du 21 mars sera également importante. Cette journée est celle de la journée internationale des forêts des Nations Unies. 300 avant premières sur tout le territoire, et pour chaque place acheté, 1€ sera reversé à l’association des Enfants et des Arbres, pour les aider à financer leurs futures actions.
Nous voulons soutenir l’urgence de replanter des haies que beaucoup ont cherché à supprimer il y a trente ans, on sait aujourd’hui que c’était une bêtise. L’arbre, comme le ver de terre, est notre meilleur ami, son absence favorise malheureusement des phénomènes tels que les inondations dont on a vu les terribles conséquences pour les populations dans le Nord Pas de Calais par exemple.
L’environnement est au cœur de tout, c’est le sens des messages que vous voulez passer dans vos réalisations ?
E.B. : Je réalise également des documentaires comme « Femmes de la Terre » passé récemment sur France Télévisions, et je m’inspire de ce que j’ai vu quand j’étais plus jeune. Les manifestations d’agriculteurs d’il y a quelques semaines sont les mêmes que celles des années précédentes. L’environnement a également un coût social. Il y a trente ans on demandait déjà aux agriculteurs de produire du colza pour faire du biocarburant, et ils ont été confronté jusqu’à peu à la concurrence des importations d’huile de palme jusqu’en 2023, date à laquelle ces importations ont été interdites.
Ces combats doivent continuer, et c’est la raison pour laquelle il est primordial d’impliquer la jeunesse, c’est l’espoir car c’est elle qui est également capable de porter cette révolution.
Revenons au film, comment avez-vous fait pour réunir tout ce casting compte tenu de la variété des lieux de tournages ?
E.B. : Un casting se fait d’abord avec ceux qui sont disponibles au moment où l’on veut tourner. Je tiens à saluer les acteurs qui ont dû supporter l’application d’huile pour voir leur transpiration à l’écran. Le gras à 50° ce n’est pas sympa, mais c’est beau pour le spectateur.
Pour Alexandra Lamy, elle a cette image d’actrice populaire mais elle s’est mise en danger pour ce rôle car elle est à l’écran sans maquillage, elle a vraiment admirablement porté et incarné cette mère qui se bat avec un amour inconditionnel pour son fils.
Concernant Felix Moati, j’avais déjà lancé le casting dans les locaux de Diaphana. Je ne m’étais pas fixé et je l’ai vu rentrer dans des locaux qu’il occupe également dans sa fonction de réalisateur. Je me suis dit « c’est lui ! » et je lui ai proposé cette collaboration qu’il a accepté.
J’avais ensuite besoin d’un profil comme celui de Sofian Khammes pour qu’il incarne le trouble à l’écran, et contribue à maintenir l’atmosphère que je souhaitais pour ce film. Emmanuel Courcol qui joue également dans le film avait réalisé « Un triomphe », où Sofian était apparu, ce qui a facilité sa venue.
Julie Chen, qui était au casting d’Astérix et l’Empire du Milieu a ajouté des mots d’indonésiens aux cinq langues qu’elle maitrise déjà. Elle a vraiment travaillé pour apporter de la vérité dans ses répliques, elle a contribué à l’authenticité des scènes où elle devait intervenir.
Philippe Torreton nous a apporté son expérience d’acteur, notamment de théâtre, ce qui a apporté une réelle valeur ajoutée dans l’un des scènes du film, et Antoine Bertrand a apporté de la crédibilité à son rôle du directeur de l’ONG qui accueille le jeune Martin (joué par Felix Moati)
Nos recherches se sont ensuite orientées en fonction des zones de tournages et des profils des différents personnages, pour un casting particulièrement cosmopolite.
Un anglo-coréen, des Indonésiens et des Thaïlandais complètent la liste, sans oublier l’Australien Adam Fitzgerald (voir notre coup de coeur), dont la qualité de sa collaboration donne envie de nouveaux projets avec lui.
Vous parliez de l’atmosphère de ce film, elle est étouffante comme celle de l’Indonésie ?
E.B. : C’était notre choix depuis le départ, pour embarquer le spectateur dans un mode thriller. La musique du film de Thomas Dappelo, avec qui je collabore depuis quinze ans, est venue apporter la touche finale à cette ambition, pour toujours garder l’auditoire en tension. Il s’est notamment perfectionné dans le gamelan, ensemble instrumental indonésien, pour s’adapter au scénario.
Combien de temps vous a été nécessaire pour réaliser l’ensemble du projet de La Promesse Verte ?
E.B. : L’aboutissement de ce projet a pris cinq ans et demi au total, dont trois années impactées par le COVID et les restrictions sanitaires. Le tournage s’est déroulé sur 26 jours au total, répartis en 5 jours en Vendée, 25 en Thaïlande avec des températures ressenties de 45 à 50°, et 6 jours à Paris.
C’est lors d’un repérage bien avant ces périodes de tournage que j’avais tourné les images de Djakarta et celle de la forêt primaire.
En Thaïlande, nous nous sommes appuyés sur une équipe de 120 techniciens, qui reçoivent tout au long de l’année beaucoup d’équipes de cinéma.
Notre coup de cœur : Adam Fitzgerald
Au cœur d’un casting équilibré et donnant de la force à ce scénario étouffant, Adam Fitzgerald apporte un zest de fraicheur grâce à une prestation forte, pleine de sincérité et de vérité. Une prestation qui va nous amener à innover en proposant cette partie en anglais pour les fans de l’acteur. Pour les amateurs de la série The Crown, son visage n’est sans doute pas inconnu car ce dernier a participé à la saison 4 de la célèbre série Netflix.
Pour les autres, le film d’Edouard Bergeon est l’occasion de se familiariser avec le sympathique Australien, à l’origine d’un moment fort du film (que nous ne détaillerons bien évidemment pas). « La veille, je trouvais qu’il manquait quelque chose à ce moment du film, je suis allé solliciter Adam pour voir ce qu’il aurait à nous proposer. Le lendemain, lors du tournage tout le monde était en larmes sur le plateau, ce qui en dit long sur le talent de cet acteur » salue le réalisateur français.
Our top pick: Adam Fitzgerald
At the heart of a balanced cast that gives strength to this suffocating script, Adam Fitzgerald brings a touch of freshness thanks to a strong performance, full of sincerity and truth. A performance that will lead us to innovate by offering this part in English for the actor's fans. For fans of the series The Crown, his face is probably not unknown because he participated in season 4 of the famous Netflix series.
For the others, Edouard Bergeon's film is an opportunity to get acquainted with the likeable Australian, who is at the origin of a highlight of the film (which we obviously won't go into detail). "The day before, I thought something was missing at that point in the film, so I went to ask Adam to see what he would have to offer. The next day, during the shoot, everyone on the set was in tears, which says a lot about the talent of this actor," says the French director.
Une prestation à voir dès ce 27 mars sur les écrans !
Merci à Edouard Bergeon pour sa disponibilité.
Nous souhaitons plein de réussite à sa Promesse Verte.

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