TDF 2023 – Etape 9 – L’hommage à Poulidor
- Franck Moreau
- 15 juil. 2023
- 4 min de lecture
Cette édition du Tour de France 2023 traverse les terres d’un Limousin si chères à Raymond Poulidor, et connues pour leur profil de routes dures et exigeantes mais néanmoins appréciées des cyclistes de tout poil.
La neuvième étape partira même de son pays de Saint-Léonard de Noblat, où une exposition lui a été consacrée, après un hommage du monde du vélo dans un cimetière sans doute trop petit pour l’occasion. Un parcours d’étape qui poursuivra son chemin en guise de pèlerinage au sommet d’un Puy-de-Dôme qui donna lieu en 1964 à l’une des plus célèbres ascensions du Tour de France, au coude à coude avec Jacques Anquetil.
Ce jour-là, la route se transforma en scène, le sommet du Massif Central en immense théâtre. Les acteurs principaux se prénommaient Raymond et Jacques, tous les autres étant rangés au statut de figurants.
On reprochera à Raymond Poulidor ce jour là de ne pas avoir attaqué plus tôt un Jacques Anquetil paraissant dans le rouge. Ce à quoi le « Raymond de Saint-Léo » répondra à l’arrivée : « Jacques était fort aussi aujourd’hui, je n’ai pas réussi à le sortir de ma roue avant », exprimant ainsi toute sa classe et une humilité qui l’a fait rentrer dans le cœur des français.
Si les deux cyclistes tricolores ont rejoint d’autres légendes et pris leur dossard pour le Critérium Saint-Pierre, leur passe d’armes mythique ne cesse au fil des années de livrer ses secrets. L’histoire du coude à coude ? Peut-être provoquée par le passage d’une moto qui a demandé aux deux protagonistes de se serrer pour faire de la place, offrant cette image désormais passée elle-aussi à la postérité, ou plus sûrement la consigne de Raphael Geminiani, ancien coureur et directeur sportif d’Anquetil à l’époque, qui lui avait demandé de se positionner ainsi pour mieux contrôler son dauphin au classement général.
Une image qui appartient à la légende d’Anquetil et Poulidor, et qui illustrait la dualité entre ces deux hommes. Jacques Anquetil avait tout du premier de la classe, propre sur lui et un peu inaccessible, quand Raymond Poulidor avait une image très terrienne. Une dualité à laquelle on prête la responsabilité de bon nombre de divorces à l’époque, c’est dire l’impact sur la société française de celle-ci.
Quand l’un garde toujours aujourd’hui l’aura d’un vainqueur, l’autre a hérité d’une image d’éternel second assez erronée eu égard à un palmarès qui satisferait sans doute bon nombre de coursiers en 2023.
Un héritage qui a fait passer son patronyme en nom commun, fait assez rare dans la langue française pour être souligné. « Être un Poulidor » est l’expression associée au nom du miaulétou (comme l’on appelle les habitants de Saint-Léonard de Noblat), et est reconnue pour être l’expression consacrée pour désigner les éternels seconds.
Des éternels seconds que l’on aime, ce qui était le cas pour un Raymond souvent à côté des plus hautes marches des podiums, revenant souvent avec le bouquet de la 2ème ou de la 3ème (sur les championnats de France ou Mondiaux auxquels il a pris part).
Qu’importe, le nom de Poulidor est resté bien au-delà du monde du cyclisme, quand d’autres sont depuis longtemps tombés dans l’oubli. La mémoire de Raymond traverse les âges, et alimente encore les discussions, les anecdotes et les créations en tout genres (peintures, livres et chansons).
Et pour illustrer ce propos, c’est tout naturellement que nous avons choisi la chanson composée par Marc Berthoumieux et Frédéric Zeitoun, et interprété par le dernier cité (à qui nous avons récemment consacré un sujet pour vous présenter son livre « Fauteuil d’Artiste » dont nous continuons à vous recommander la lecture).
L’arrangement musical s’inscrit pleinement dans l’univers du vélo, avec les notes de l’accordéon de Marc Berthoumieux, instrument intimement liée avec la petite reine comme l’a montré la popularité d’Yvette Horner lorsque celle-ci figurait dans la caravane du Tour.
La musique donne un rythme qui s’apparente au temps de calme du peloton, juste avant les possibles attaques pour décanter une course.
Les paroles évoquent d’emblée « la tendresse pour les Poulidors de la vie », pour celles et ceux qui seront ou resteront à jamais dans l’ombre des premiers. Ils n’auront pourtant pas démérité mais auront « touché leurs limites en donnant le meilleur d’eux ».
Nous sommes toujours « le second de quelqu’un » poursuit le monsieur de la télé, qui a pour point commun avec Poulidor son humilité, sa sagesse, sa bienveillance et sans doute une certaine popularité pour ceux qui veulent en apprendre toujours un peu plus sur l’histoire ancienne ou plus contemporaine, grâce aux interviews qu’il réalise pour Télématin.
Impossible de dire aujourd’hui si le nom de Zeitoun deviendra un nom commun, mais s’il devait un jour rentrer dans un dictionnaire au même titre que Poulidor, l’une des définitions (non exhaustive) pourrait être : « Amoureux de la vie, de la musique et des rencontres qui rendent encore plus beau le quotidien ».
Frédéric Zeitoun partagera avec Sheila la scène de La Coursive à La Rochelle, ce samedi 15 Juillet à 14h30, dans le cadre des Francofolies. L’occasion de découvrir un répertoire qui retrace à la fois son parcours et les péripéties de la vie, et surtout de passer un bon moment musical.
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