TDF 2023 - Etape 10 D’un coup du sort aux coups d’éclat !
- Franck Moreau
- 22 juil. 2023
- 3 min de lecture
L’ancien cycliste Luc Leblanc, dont la carrière prit fin (il ne le savait pas encore) en 1998 au matin de la 18ème étape du Tour de France, sort son autobiographie intitulée « L’important, c’est de rester vivant », co-écrite par le journaliste Guy Roger (ancien grand reporter à L’Equipe) et publiée aux Editions Solar.
La préface écrite par Erik Orsenna annonçait une leçon de vie et de l’émotion, et le lauréat du Goncourt 1988, membre de l’Académie Française depuis la fin des années 1990 ne nous a pas trompé sur le contenu de ce livre.
Une vie pour « Lucho » intimement liée à la route.
Une route aux bords de laquelle celle de son frère Gilles s’arrête et la sienne bascule, un soir de Saint-Jean 1978 dans son village de Nieul (87), dans un Limousin où il est encore aujourd’hui tant admiré.
Une route qui le conduira à l’hôpital vers Dominique Mouliès, chirurgien des hôpitaux et spécialiste de l’orthopédie qui le prendra en charge et opérera sa jambe gauche particulièrement abimée.
Finis les rêves de football pour Luc Leblanc, et celui de soulever un jour la Coupe du monde. Dominique Mouliès lui dira : « Pourquoi tu ne te mettrais pas au vélo ? ».
Une phrase qui aura contribué au reste de l’Histoire avec un grand « H ».
C’était écrit, Luc Leblanc ne pourrait plus avoir une étoile de champion du monde de football sur son maillot, mais il était en chemin vers le maillot arc-en-ciel et le prestigieux titre de champion du monde de cyclisme…sur route.
Entre ces deux évènements, Luc Leblanc nous offre dans ce livre tout un tas d’anecdotes, rendant de bout en bout hommage à Gilles, au courage de sa famille face au drame qu’ils ont traversé, et en déroulant ensuite la suite, de la tumultueuse conquête d’un maillot tricolore à Avize en passant par celle du maillot jaune à Jaca à la victoire à Hautacam sur ses Tours de France, jusqu’au sacre mondial d’Agrigente en Italie (la vidéo que nous avons choisi pour illustrer ce sujet), et une après-carrière avec une descente aussi vertigineuse et dangereuse que celles des pires des cols des grands tours cyclistes.
Le style de l’ouvrage est direct et franc, comme l’étaient les attaques du coureur quand il était sur son vélo. Les mots vous embarquent, et vous prennent pour mieux vous installer dans votre bulle de lecteur. Les chapitres sont autant d’étapes où nous partageons l’évolution de Luc Leblanc, ses valeurs, ses joies, et seules les obligations du quotidien ne peuvent, pour un passionné de sport et d’histoire de vie, nous en séparer.
Lui qui aimait « lever le cul de sa selle » pour flinguer ses adversaires et mettre hors de portée un à un ses rivaux a gardé cette même énergie pour dire notamment ses vérités sur les Guimard, Fignon, Virenque, voire son aventure rocambolesque avec Le Groupement.
Simple, authentique, généreux.
Son récit est comme le bonhomme, simple, authentique et généreux. Nous partageons ses joies et ses souffrances au fil des chapitres, avec une jambe gauche difficile à dompter malgré les multiples artifices essayés tout au long de sa carrière. Un menu XXL pour cet amoureux de la cuisine, des amuses bouches jusqu’au digestif, même si ce « Lucho » n’aimait paradoxalement par trop les plats quand il était sur un vélo.
Un menu de rois relevé à la fin de la plupart des chapitres par les propos des acteurs principaux de sa vie sur voire en dehors du vélo, qui viennent donner une épaisseur encore plus conséquente à cet ouvrage.
Au bout du bout des 297 pages, on regrette que cela soit fini, mais l’on se rappelle des quelques mots de Luc Leblanc en préambule. « La vie continue », ce qui peut laisser augurer d’un nouvel opus dans les prochaines années, allez savoir…
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