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Régis Wargnier sait maintenir la tension

  • Franck Moreau
  • il y a 23 minutes
  • 6 min de lecture


"La réparation", nouveau film du dernier réalisateur français récompensé aux Oscars (pour Indochine en 1993), sortira le 16 avril sur les écrans.



« Je suis le Marie Myriam du cinéma, chaque année je suis sollicité par les médias pour cette récompense » s’amuse-t-il. Avant de mesurer le temps qui passe et ses conséquences. « Beaucoup de collègues et amis réalisateurs sont partis ces dernières années, cela fait bizarre mais c’est la vie » souligne Régis Wargnier.


Le temps, lui l’a mis à contribution pour faire avancer ses projets et ceux des autres indirectement. Depuis « Le temps des aveux » (2014) il n’avait pas été à l’affiche, mais durant cette période il n’a pas chômé.


« Je me suis consacré à l’écriture de romans*, j’ai travaillé au sein du Groupe des Personnalités Qualifiées du Conseil Economique Social et Environnemental où j’ai produit un rapport de 180 pages sur Tourisme et Numérique. J’ai également siégé à la commission subvention de la CNC permettant notamment d’accorder des aides pour numériser des œuvres qui étaient précédemment sous argentique. Enfin, j’ai pris trois ans et demi pour ce nouveau film. » souligne le mosellan.


Energique, déterminé et l’œil aiguisé, cette personnalité du cinéma français apparait comme un gourmand. Quand il s’installe dans un échange avec un public d’avant-première l’animateur lui lance : « Nous avons beaucoup de questions à vous poser ! ». Dans un sourire un peu énigmatique la réponse du réalisateur ne se fait pas attendre : « S’il y a des réponses… »


Cette séquence résume à elle-seule le sentiment que j’ai eu en sortant de la séance. Celui d’avoir été tenu en haleine et baladé durant tout le film, et être resté finalement sans certitudes y compris après le générique final.


Mis à part le synopsis de la société de production Nour Films, et la bande annonce que nous vous avons mis à disposition, nous n’en dirons pas plus ici sur l’histoire, mais développerons plus son environnement, son histoire et notre ressenti sur les acteurs, toujours pour renforcer votre envie de vous rendre dans le cinéma pour y vivre les émotions que nous avons pu y vivre.


« Il y a deux règles en cuisine à savoir, l’inspiration, l’audace !... » ou « une étoile ne tient à rien » sont deux phrases que nous pouvons entendre dans cette bande annonce, une quête de l’excellence de Paskal Jankowski transposable au cinéma de Régis Wargnier.


Car inspiration et audace accompagnent bien ce nouveau film, qui a vu le jour suite à un évènement particulier dans l’entourage du réalisateur français.


« J’avais écrit il y a longtemps l’histoire d’un chef et de sa fille qui était très avancée, mais je n’avais plus eu l’envie de faire le film. Plus tard des amis proches ont vécu une disparition, et j’ai vu leur évolution. Dans cette circonstance, tout se délite, et tout ressort, les conflits, les reproches. Tout cela était suffisamment chargé pour ressortir le scénario que j’avais mis de côté. Mon intérêt pour la gastronomie et les voyages lointains ont agrémenté l’ensemble et m’ont permis d’être porté par cette histoire » décrit Régis Wargnier.


« Ce film, j’aurai pu aussi bien l’appeler la transmission. On s’aperçoit assez vite que le souhait du père n’est pas celui de la fille. Ce qu’il lui destine, ce n’est pas elle. Lui a un vécu et elle a envie d’amour et d’aventure. Elle en ressent un sentiment de culpabilité. Elle a du talent et quand on a du talent je crois qu’il faut l’assumer et ne pas le gâcher » poursuit-il.

De ce film se dégage une tension permanente, tension dès le début du film généré par la quête d’une nouvelle étoile par le personnage de Clovis Cornillac, et tension ensuite autour de sa disparition et de celle d’Antoine, son second.


Le décor imaginé par Régis Wargnier, la lumière, les plans autour de l’univers de la cuisine, la musique viennent apaiser cette tension. La nature fait face aux natures humaines, à leur complexité et leurs problématiques.


Un voyage en apnée entre le Moulin de Rosmadec à Pont-Aven et Taipei, à la quête de la vérité, ou d’une vérité.


« J’ai une maison pas loin. Nous sommes allés à Rosmadec avec Clovis un jour de fermeture. Nous avons été les invités privilégiés du chef pour un moment qui s’est prolongé. Clovis est un homme de goût, un amoureux de la nourriture et de la vie, qui avait déjà incarné un homme de cuisine dans la série « Chefs » de France TV. Quant à Julia, elle est venue un peu plus tard pour s’insérer dans la Brigade, prendre ses repères. J’avais vécu cette expérience à titre personnel auprès de Thierry Breton, et cela lui a donné de l’authenticité. Quand on veut jouer des gens qui sont dans l’excellence comme c’est le cas des chefs de la gastronomie française, on ne peut pas faire les choses à moitié. JC (Ling) a fait pareil dans le restaurant de Taipei, et il s’est vite approprié les attitudes corporelles du chef pour inspirer son jeu. » explique Régis Wargnier.


« Nous sommes venus tourner en Bretagne durant la période de fermeture de l’établissement et beaucoup de membres du personnel sont restés pour faire de la figuration, comme cela a été le cas pour le personnel du restaurant de Taipei ensuite » poursuit-il.


Une dizaine de jours de tournage en Bretagne pour deux fois plus à Taiwan, pour un budget de plus de trois millions d’euros, et tout était dans la boite pour le montage. « Le budget de ce film, c’est dix fois moins que celui de l’« Amour ouf » » précise-t-il.


« J’ai beaucoup travaillé en amont sur le choix du pays. Si la Chine m’attirait, la lecture du scénario par les autorités et la possibilité d’aménagement de mon scénario m’ont freiné. A Singapour s’il y a une nature, elle est souvent artificielle et cela ne m’intéressait pas. Je me suis orienté vers Taiwan pour sa nature, et parce que c’est une terre de cinéma en plus d’être une terre de cuisine où beaucoup de chef vont s’inspirer. Leur culture cinématographique a également permis de ne partir qu’avec une équipe resserrée de France, avec seulement quatre personnes, pour compléter nos ressources sur place ».


Pour les besoins des repérages, Régis Wargnier a payé de sa personne. « J’ai fini à l’hôpital après avoir été valider un site que je voulais intégrer au tournage » sourit-il.


Un engagement pour un résultat généreux, comme le serait le plat « signature » d’un chef étoilé.


Avec comme ingrédients un casting équilibré apportant sa richesse et son énergie à l’ensemble.


Un Clovis Cornillac allumé par la quête de son étoile et l’amour de sa fille, tantôt touchant et inquiétant avant de disparaitre avec son second.


La jeune Julia de Nunez, ayant incarné Bardot dans la série du même nom, apporte sa fraicheur et justesse tout au long de ce film, assumant pleinement le poids de cette intrigue sur ses épaules.


Julien de Saint-Jean (vu dans le comte de Monte-Cristo) oscille entre la passion et le respect dû à son chef, et la colère que celui lui inspire par son exigence.


J.C. Lin assure le lien entre la partie de l’histoire en Bretagne et celle en Asie. Son rôle donne de la continuité à ce film qui semble changer de teinte dans sa deuxième partie.


Sans dérouler toute la liste des personnes présentes au casting, je vous recommande le rôle du critique joué par Louis-Do de Lencquesaing, mais chut, je ne vous en dirai pas plus.

Au casting, j’aurai pu également ajouter la musique de ce film, tant elle nous garde dans une atmosphère pesante.


« Le compositeur Romano Musumarra est l’un de mes meilleurs amis avec qui nous avions travaillé pour le film « La femme de ma vie » en 1986. J’avais écrit les paroles de « T’en va pas » qui avait révélé Elsa, chanson grâce à laquelle j’ai pu déménager ensuite (rires). Romano s’est beaucoup impliqué pour le montage de « La Réparation », suivant le monteur tous les deux jours et assistant au mixage, cela donne forcément une collaboration beaucoup plus précise qui sert le film » salue Régis Wargnier.


Vous l’aurez compris, plus qu’un film, ce nouveau film de Régis Wargnier est une véritable expérience que vous pourrez vivre dès le 16 avril prochain, voire revivre ensuite pour en savourer les moindres détails une fois que vous vous serez détachés de l’histoire, car vous pourrez sans doute y découvrir d’autres surprises sur le deuxième visionnage.


Merci et bon film à tous !

 

 

Infos Nour Films :


𝙇𝘼 𝙍𝙀́𝙋𝘼𝙍𝘼𝙏𝙄𝙊𝙉, le grand retour de Régis Wargnier (Oscar du Meilleur film étranger pour 𝘐𝘕𝘋𝘖𝘊𝘏𝘐𝘕𝘌),

 Synopsis : 𝘘𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘩𝘦𝘶𝘳𝘦𝘴 𝘢𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘭'𝘢𝘵𝘵𝘳𝘪𝘣𝘶𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦 𝘴𝘢 𝟥𝘦̀𝘮𝘦 𝘦́𝘵𝘰𝘪𝘭𝘦, 𝘭𝘦 𝘤𝘦́𝘭𝘦̀𝘣𝘳𝘦 𝘤𝘩𝘦𝘧 𝘗𝘢𝘴𝘬𝘢𝘭 𝘑𝘢𝘯𝘬𝘰𝘷𝘴𝘬𝘪 𝘥𝘪𝘴𝘱𝘢𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘴𝘰𝘯 𝘴𝘦𝘤𝘰𝘯𝘥 𝘭𝘰𝘳𝘴 𝘥'𝘶𝘯𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘴𝘴𝘦.

𝘈 𝟤𝟢 𝘢𝘯𝘴, 𝘊𝘭𝘢𝘳𝘢, 𝘴𝘢 𝘧𝘪𝘭𝘭𝘦, 𝘴𝘦 𝘳𝘦𝘵𝘳𝘰𝘶𝘷𝘦 𝘴𝘦𝘶𝘭𝘦 𝘢𝘶𝘹 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘢𝘯𝘥𝘦𝘴 𝘥𝘶 𝘳𝘦𝘴𝘵𝘢𝘶𝘳𝘢𝘯𝘵. 𝘋𝘦𝘶𝘹 𝘢𝘯𝘴 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘵𝘢𝘳𝘥, 𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘳𝘦𝘤̧𝘰𝘪𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘮𝘺𝘴𝘵𝘦́𝘳𝘪𝘦𝘶𝘴𝘦 𝘪𝘯𝘷𝘪𝘵𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘛𝘢𝘪̈𝘸𝘢𝘯... 

 

 𝙇𝘼 𝙍𝙀́𝙋𝘼𝙍𝘼𝙏𝙄𝙊𝙉 (avec Clovis Cornillac, Julia de Nunez et Julien de Saint Jean) sort au cinéma le 16 avril !

 

 

*Les prix d’Excellence (premier roman) 2018 et La dernière vie de Julia B. 2022

 

 
 
 

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